Vous venez de tomber en vacances pour deux semaines et venez tout juste de finir de « paqueter » votre voiture pour partir plusieurs jours en camping. Vous allez finalement pouvoir décrocher du stress des dernières semaines au travail…
Alors que vous roulez paisiblement sur l’autoroute en écoutant vos vieux classiques de Elvis la fenêtre ouverte, vous entendez soudainement un « tac-tac-tac-tac-tac » qui provient de l’arrière de la voiture…
Vous vous rangez sur la voie d’accotement de l’autoroute pour examiner votre voiture, et vous vous rendez compte que votre parechoc arrière est en train de vous lâcher !
Et c’est à ce moment que vous vous rappelez que vous l’aviez seulement attaché avec quelques « ty-raps » la dernière fois que ça vous était arrivé au lieu d’aller au garage…
Au moins, le bruit de la voiture vous a alerté suffisamment rapidement pour que vous arrêtiez avant que le parechoc soit complètement endommagé.
Mais quel-est le lien avec la douleur ?
Comme nos articulations, nos muscles, nos tendons, nos nerfs ne peuvent malheureusement (ou heureusement…) pas crier ou faire du bruit lorsqu’il se passe quelque chose d’anormal, ça prend un autre type de système afin de nous indiquer que quelque chose ne va pas.
Au niveau du corps humain, c’est la douleur qui fait office de système d’alarme.
En effet, votre corps vous envoie ce signal pour vous indiquer qu’il y a une « menace » réelle OU potentielle pour une partie de votre corps.
Bien que la douleur soit perçue de façon négative par le commun des mortels, elle nous est extrêmement utile dans une panoplie de situation de la vie quotidienne.
Avez-vous déjà accroché votre main sur le rond du poêle alors qu’il était allumé?
Si oui, vous avez dû constater assez clairement l’alerte de douleur que votre corps vous a envoyé et vous avez probablement retiré aussitôt votre main du poêle.
Vous avez donc évité de vous brûler grâce à ce signal d’alerte. Le corps est bien fait, non ?
Malgré cette sensation de douleur importante, votre main s’en tire plutôt bien car votre corps vous a informé d’une « menace » potentielle, qui vous a fait prendre action et ainsi retirer votre main juste à temps.
Morale de l’histoire, la douleur n’est pas nécessairement synonyme de blessure. Nous avons un seuil de douleur qui survient AVANT le seuil de blessure. Et c’est pour cela que la douleur peut nous être extrêmement utile.
Qu’en est-il maintenant, d’une situation où vous vous êtes réellement blessé à la suite d’un bête accident ?
Par exemple, vous vous faites une importante entorse à la cheville en glissant sur une pelure de banane et vous avez la cheville terriblement enflée.
Dans ce contexte, la douleur agit comme un système d’alerte pour une « menace » réelle, c’est-à-dire que ça fait mal parce qu’il y a réellement un tissu blessé dans votre cheville.
À ce moment, la douleur sert à limiter l’utilisation de votre cheville, afin de permettre aux tissus de guérir adéquatement.
Au fur et à mesure que les jours passeront, la phase inflammatoire diminuera et vous aurez de moins en moins mal. Vous pourrez alors vous porter un peu plus sur votre cheville et vous pourrez peut-être même faire des courtes marches sans augmentation de douleur. Finalement, après quelques semaines vous serez en mesure de reprendre graduellement vos activités et loisirs.
Ainsi, dans cette situation, la douleur aide à dicter la réhabilitation et le dosage adéquat des activités durant la phase de guérison.
Plutôt utile, non ?
À première vue, tous les concepts discutés sur la douleur semblent plutôt simples mais en pratique, il peut être un peu plus compliqué de savoir exactement quoi faire.
C’est pourquoi il est utile de consulter en physiothérapie afin d’adresser différents questionnements, tels que:
- Est-ce qu’il est trop tôt pour reprendre mes activités et loisirs ?
- Comment devrais-je doser la reprise de mes activités pour optimiser ma guérison ?
- Est-ce que c’est normal d’avoir encore de la douleur à ce stade ?
- Qu’est-ce que je dois faire pour avoir moins mal ?
Dans le prochain texte, nous discuterons de quelques outils pratiques afin de mieux interpréter vos sensations de douleurs et de déterminer si vous êtes réellement en train de vous blesser, ou si plutôt il s’agit simplement de « courbatures » musculaires…
– Philippe Sinto-Girouard, physiothérapeute